Fabrice, Céline, Eliott (5 ans au moment du départ) et Mayline (2 ans 1/2 au moment du départ) sont partis faire le tour du monde en famille en camping car en 2011 pendant 3 ans. Ils ont gentiment accepté de répondre à quelques questions sur ce mode de voyage avec des enfants.

1. Pouvez-vous présenter votre projet ?

Nous avons quitté note belle La Rochelle le 15 juin 2011 et avons fait le choix de partir en camping-car, solution très confortable pour voyager avec des enfants longtemps : pas de recherche d’hôtel, les transports se font à la maison… Pour partir, nous avons tout vendu: la maison, voitures, meubles… tout! La décision de ce voyage a été collégiale. En faite, à l’âge qu’avaient les enfants au moment du départ (2 ans et demi pour Mayline et 5 ans pour Eliott), rien ne leur faisaient peur et du moment que papa et maman étaient content, alors ils l’étaient aussi ! 🙂 Nous avons choisi de partir 3 ans, ce qui n’est pas trop long pour un tour du monde en camping-car mais cette durée n’était que le résultat de nos économies.

2. Vous avez choisi de partir avec un Laika Kréos 3002. Est-ce que le véhicule a répondu à vos attentes ? Referiez-vous le même choix ? Comment choisit-on un camping-car pour un TDM en famille ?

Le choix du camping-car n’a pas été simple, tout d’abord parce que nous n’en avions jamais eu auparavant, mais parce que nous ne savions pas ce qui nous attendait également. A force de consulter les sites de voyageurs au long court, j’ai remarqué que beaucoup partaient avec des Laika sur base d’Ivéco. Nous avons parcouru les nombreux concessionnaires de la région et un jour, nous sommes tombé sur un Laika, et là on a compris pourquoi: malgré son âge, le véhicule était en super état, les matériaux utilisés étaient bien plus qualitatifs que la plupart des grandes marques que l’on retrouvent en France, même neuf. Nous nous sommes donc mis à la recherche de la perle rare et l’avons trouvé 8 mois avant le départ. Il ne restait plus qu’à l’équiper grand-voyage. C’est à ce moment que l’aventure commence réelement.

Deux choses sont importantes dans le choix de son véhicule: la fiabilité et, comme une maison, de s’y sentir bien, comme chez soi 😉 Vu les pistes faites, que ce soit en Asie ou sur le continent américain, je conseillerai une bonne garde au sol, roues jumellées à propulsion (tout le poids d’un camping-car est à l’arrière, alors imaginez une route boueuse ou une montée gravillonneuse…). Au final, nous en étions pleinement satisfait! Juste un petit bémol pour la garde au sol sur notre modèle.

3. Quels sont selon vous les 5 pays qui se prêtent le plus aux voyages en camping-car en famille ?

Il va être difficile de classer 5 pays idéals, car personne n’a les même attentes d’un tel périple. Pour nous, l’authenticité et la sécurité font parti des critères de choix pour un voyage en camping-car. Nous nous sommes beaucoup plu en Asie pour ça. De plus il y a peu de camping-cars, ce qui donne un charme au voyage. L’Amérique du Sud est le continent où nous avons croisé le plus de camping-cars (beaucoup plus !). Si cela en rassure certain, nous perso, nous avons eu le sentiment que les sentiers étaient battus, et rebattus! Les voyageurs créent de véritables communautés sur internet et se partagent tout, du lieu de bivouac au marchand de poisson… Si certaines infos sont bien utiles et peuvent éviter des galères, je trouve que c’est dommage de ne vivre son aventure qu’à travers celle des autres… Ensuite, il y a les pays riche, en voix de développement ou pauvre. Nous nous sommes beaucoup plu dans les deux dernières catégories: les gens sont plus accueillants, les réglementations sont bien moins restrictives (notamment sur les lieux de bivouac), et plus authentiques. Par contre, les routes sont généralement moins bonnes et le camping-car apprécie moins.

4. Quelle a été la plus grosse galère de ce voyage et comment y avez-vous fait face ?

Nous n’avons pas eu réellement de gros souci. Une fois, nous avons faillit être bien coincés… C’était en Bolivie. Nous avions choisi de traverser le Sud Lipez. C’est un endroit magnifique, peut-être l’une des plus belles routes du monde. Le seul « hic » sont les conditions de cette traversée : 600 km de piste difficile, naviguant entre 4 et 5.000 mètres d’altitude, où le froid (jusqu’à -40° en hiver) et la neige peuvent-être difficilement supportable. Ajoutez à cela le manque quasi total de vie (pas de ville et village, pas de téléphone et les seules voitures présentes sont des 4×4 transportant des touristes) et vous comprendrez déjà le contexte.

A 200km de la ville d’arrivée, en traversant un rio (petit cours d’eau), l’eau s’engouffre dans le moteur et fait exploser le ventilateur qui tournait ! Résultat: les palles finissent planter dans le radiateur moteur, l’intercooler de turbo et casse une poulie ! Sachant qu’aucune dépanneuse ni personne ne viendrait nous chercher, nous avons relever les manches et attaquer la démonte pour voir ce que nous pouvions faire. Heureusement, nous avions choisi de traverser ce désert d’altitude avec une autre famille voyageuse. Nous avons réussi à colmater les fuites sur les radiateurs (moteur et intercooler), re-fabriquer un ventilateur et donc refroidir le moteur pour atteindre la civilisation. Les nerf ont été mis à rude épreuve, mais nous ne regrettons pas d’y être aller: des paysages magnifique rien qu’à nous, un isolement rare, une aventure humaine: LA vrai aventure de notre voyage !

5. Qu’est-ce que ce tour du monde en famille a changé en vous ?

Au final, un tel périple n’est pas une aventure en soi, sauf si l’on fait le choix de se passer de toutes les modernités qui nous entourent comme les forums, les sites des autres voyageurs, skype, les guides de voyage… la vrai aventure est intérieure ! Nous avons du apprendre à nous connaître, mais surtout à redéfinir nos priorités. Beaucoup de questions se sont posées pendant ce voyage, dont certaines sont encore sans réponse. Ne croyez pas qu’un voyage comme celui-là n’est animé que par des sites touristiques enchainés les uns derrières les autres. Une remise en cause de soit est obligatoire, sinon, je pense que l’on ne peut pas s’adapter à ce style de vie. Nous avons commencé cette remise en question en Turquie, période charnière pour nous, 6 mois après le départ. Des rencontres et un peu d’expérience derrière nous nous ont fait prendre conscience de tellement de choses, que notre ancienne vie n’était pas forcément la bonne, que nous nous imposions tellement de règles et codes sociaux qu’on en oubliait l’essentiel.

Crédit photos : akili-photo

Je vous invite à retrouver les aventures de la petite famille sur leur blog AkiliFamily.com ainsi que des conseils pour un tour du monde en famille en camping car. Le tour du monde est à peine bouclé que la famille part s’installer au Canada mais pour travailler cette fois 😉 On leur souhaite une excellente continuation et nous les remercions pour ce témoignage enrichissant.